LETTRE A MON CLOCHER

Lettre à mon clocher

Tu liras ma lettre ? Cela ne m’étonne   pas ! Depuis 87 ans, je te regarde comme un vieux sage !
De très loin tu es notre repère. Ceux qui vivent à ton ombre lèvent les yeux vers toi, pour connaître le temps ou pour vérifier l’heure. Ton coq très haut perché nous prédit le soleil ou la pluie, météo sans erreur pour qui se fie au vent. Tu es toujours là, solide, rassurant. Mes parents étaient fiers de toi, le deuxième en hauteur de la vieille Bretagne.
Je n’avais que deux jours quand, portée au baptême, passé  l’arc de triomphe qui ouvre notre enclos, tu m’as accueillie. Tu donnes à notre église un élan de jeunesse. Tu invites à monter là-haut vers les nuages, porté par les oiseaux abrités dans tes pierres, tourbillon tapageur dès que le jour se lève.

Pour aller à l’école, je passais par l’enclos pour te voir de plus près et caresser tes pierres.
Mon père aimait ton horloge, véritable pièce de musée qu’il avait entretenue pendant des années. Avec lui nous montions aussi haut que possible pour contempler poulies, rouages crénelés, poids et gonds centenaires qui marquaient les secondes. Je pensais que ces bruits, clocher de mon enfance, formaient ta voix sonore, récompense aux grimpeurs.

J’habite loin de toi. Si je viens au pays, je connais le virage d’où enfin je découvre ta fière silhouette et mon cœur bat plus fort : C’est toi… Je suis chez moi !
Merci mon clocher !

Soeur Marie-France CAVALOC, FSE – 9 avril 2023

PS. : Article écrit à l’occasion du concours 2023 de la revue Le Pèlerin « J’aime mon clocher »

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