LA TERRRE ET LES VOISINS

Je suis « Laïque consacrée Fille du saint Esprit ». Après avoir vécu ma vie professionnelle à Brest, je suis retirée depuis 4 ans dans un village à Plougastel-Daoulas. Un petit studio, mais un maxi jardin. Une vie très ordinaire, insérée dans un village… Je propose de partager une parcelle de mon vécu autour de mon jardin, un jardin que je travaille dans l’esprit de Laudato Si.

Une étape marquante : l’ouverture du « Jardin au naturel » en juin 2019, avec démonstration de la réalisation d’un carré potager en « lasagnes ». 250 à 300 visiteurs. Tous les voisins aux premières loges ! C’était un bel évènement dans le village ! Depuis, des voisins se sont mis à la « permaculture ». Et un profond réseau de voisinage s’est construit par l’entraide, le partage d’expériences, de conseils, l’échange de boutures, de semences, de récoltes (fleurs, fruits, légumes…)

L’incroyable se vit tout simplement au jour le jour : des voisins proposent la tonte de leur jardin pour le paillage. « Plus besoin d’aller à la déchetterie ! » Jean Jacques qui vient de broyer de vieux arbres, propose le broyat. Yvon passe régulièrement scier du bois de palettes pour le chauffage. Catherine et François viennent avec leurs petits enfants pour voir les poules et on fait du troc ! Baptiste, sachant qu’il y avait des pucerons dans la serre en parle dans sa classe de CM2 et, avec le professeur, prépare une culture de larves de coccinelles !  Au printemps, Anne Marie regroupe les commandes de plants que nous ne pouvons pas produire. Jean-Yves, de par ses relations fournit tout le carton pour le manteau d’hiver de la terre. Avec Noël et Yvon nous avons mis une limite aux sangliers : il faut protéger les cultures, crapauds et salamandres du jardin !

Et que dire du partage des légumes et des fruits quand vient le temps de la cueillette !

J’ai toujours aimé la terre. Je la vois comme le berceau précieux des êtres vivants, l’inattendu plein de promesses. Elle nous est confiée, elle accueille les présents, nous envoie des messages, à nous de l’observer, de l’écouter. Cela me donne le sentiment d’appartenir à la création, avec tous les êtres vivants et d’approfondir le sens de la beauté.

Ce que je vis dans cette expérience de proximité, à la lumière de Laudato Si et qui est renouvelant pour ma vocation :

Cette interdépendance me fait prendre conscience que tout est lié « par une tendre affection divine. », comme le Pape François.  La relation est au cœur de ma vie. Elle m’invite à aller sur le terrain, à oser aller au-devant des personnes, à vivre le goût de la rencontre. Les relations se tissent. On n’est pas que des « voisins » attentifs à la terre. Les joies et les soucis sont partagés. Ces liens peuvent aller jusqu’au partage de foi : reconnaître le Dieu Amour tout proche…

 

 

Ma vie est pensée par la présence, le partage, non par l’utilitaire. Cette vie de proximité, de gratuité, de sobriété, est bien dans la ligne de « l’écologie intégrale ». Cette simplicité de vie au quotidien ne rejoint-elle pas la vie cachée de Jésus à Nazareth ?

C’est dans ce quotidien que je vis ma consécration : il me faut veiller, être sur le qui-vive, faire communauté autrement : « L’église en sortie ». Ma pauvreté devient une offrande et mon célibat, ce manque que personne ne peut combler, n’est-il pas un chemin qui peut renforcer « le goût de l’autre » ? (Elena Lasida) et conduire à Dieu ? Le bonheur de ces rencontres me remplit de joie et devient ma prière un peu comme « la vie cachée en Dieu » dont parle St Paul.

 

Tout ce vécu rejoint bien ce que demandent nos statuts de la Branche séculière : « Consacrées à Dieu dans les conditions ordinaires de la vie… », « accueillant chaque personne, chaque créature et la création elle-même comme le don d’un Dieu aimant… », « nous participons à la mission de l’Eglise dans le monde par une présence simple, discrète, cherchant à répondre avec audace aux appels de l’Esprit là où nous vivons. »

 

Marie-Thé Normand, Laïque Consacrée, branche séculière des Filles du Saint Esprit

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