JOURNÉE INTERRELIGIEUSE A SAINT-BRIEUC
Une journée pour redémarrer le dialogue interreligieux en diocèse avec la nomination d’une nouvelle déléguée épiscopale… « Aller vers l’autre : un risque » ?, telle fut la question à laquelle les participants étaient invités à réfléchir, sous la conduite du Fr Jean-François Bour, O.P., délégué national pour les relations avec l’islam à la Conférence des évêques de France. Notre évêque, Mgr Denis Moutel, deux imams : de Lannion et de Saint-Brieuc avec quelques- uns de leurs coreligionnaires, des costarmoricains et même des personnes de la région Ouest, le responsable de l’église orthodoxe et quelques amis de l’église protestante participaient à cette rencontre.
La réflexion du matin avait un enracinement chrétien. Le conférencier, dans une fresque historique, a montré les échanges qui ont existé à l’initiative de chrétiens ou de musulmans ; mais n’a pas occulté les tensions vécues au cours des siècles : nous sommes plutôt héritiers de siècles d’affrontements !… A partir de textes bibliques, nous avons vu que Dieu ne se sert pas du seul peuple juif pour réaliser son salut ; sa promesse de vie est pour tous ! le Dieu de la Bible est un Dieu « décentré », « en sortie », « en pèlerinage vers les hommes ». C’est pourquoi l’Église est appelée à se décentrer, en entrant en dialogue avec les habitants du monde…. Aussi, citant « Nostra aetate », nous avons été invités à chercher les traces de la présence de Dieu dans toutes les traditions.
Du dialogue avec les participants, retenons les quatre manières d’entrer en dialogue : celui du voisinage, celui de la collaboration pour le bien commun, le dialogue spirituel et religieux et les relations institutionnelles, qui sont plutôt intellectuelles. Aussi, une participante a eu la pertinence de poser la question relative à la deuxième manière d’entrer en dialogue : « que pouvons-nous faire ensemble pour prendre soin de la nature » ? Espérons que cette question fera naître quelque chose de nouveau ! Des expériences relatées, en particulier en enseignement catholique, disent l’ouverture vers une relation plus fraternelle… Et nous sommes partis déjeuner, un peu plus convaincus que notre identité ne peut qu’être renforcée par le dialogue avec l’autre.
La table ronde de l’après-midi réunissait avec Mgr Moutel, l’imam de Lannion, la femme pasteur de Saint-Brieuc-Perros, une autre femme membre du Collectif « Espoirs », groupe islamo-chrétien sur Lannion, et une représentante du groupe Zen de Saint-Brieuc, d’inspiration bouddhiste. Chacun devait dire quelle fraternité il veut construire et en donner les moyens. Il ressort que la fraternité, ça ne va pas de soi ! que l’accueil du « différent de soi » est exigeant, demande un effort de lucidité sur soi-même pour voir ce qui empêche de recevoir l’autre qui a son propre chemin,… parfois un combat contre les préjugés. Cette fraternité se nourrit d’échanges pour une meilleure connaissance de l’autre (pour les religions : les textes fondateurs, les fêtes…etc), elle se nourrit d’entraide, de projets communs… Dans un monde où « le différent est haï », « consentir à ce que la vie propose » en approfondissant son propre chemin de foi pourrait être un chemin vers la fraternité : « les spiritualités sont une aide pour vivre la différence »
Le dernier débat, suite à un échange en petits groupes, a donné lieu à un échange très fraternel entre le conférencier, catholique, et l’imam de Lannion : nous avions la preuve que le dialogue respectueux des convictions de l’autre, différent de moi, n’est pas impossible ! Nous avons à « apprendre à devenir l’ami de la meilleure part de l’autre ».
Armandine Bagot, FSE