FERMETURE DE LA COMMUNAUTÉ « LA CHARITÉ » A QUIMPER

Le 1er Septembre 2023 restera pour la famille Filles du Saint-Esprit un jour inoubliable. Tous les membres de la famille : Sœurs, Laïques Consacrées et Associés étaient invités à une réception à la Mairie de Quimper. Nous étions une trentaine, accueillis chaleureusement par la Maire, Madame Isabelle Assih et quelques conseillers municipaux, membres de la commission de l’action sociale. L’évêque de Quimper, Monseigneur Donien, était également invité. Le départ des sœurs fut l’occasion de faire mémoire d’un partenariat de 274 ans avec la municipalité.

C’est en 1749, en réponse à l’appel d’une veuve qui pratiquait l’aide aux plus démunis (cela rappelle un peu Marie Balavenne) que trois « sœurs de la Charité », pas encore appelées Filles du Sain- Esprit, quittaient la jeune communauté de Plérin pour Quimper. Leur mission était la visite des malades et le soin des pauvres. Les besoins étaient immenses : grande misère au pays de France, prémices de la Révolution.

Durant la Révolution les Sœurs sont emprisonnées. L’inventaire de leurs biens confisqués témoigne de la grande simplicité de leur vie. Au XIXème siècle elles sont régulièrement appelées par les autorités lors des épidémies de typhus et de choléra. En 1806 les sœurs retrouvent leur Maison de Charité. A partir de 1816, plus nombreuses, elles travaillent pour le bureau municipal de bienfaisance : soupes populaires, accueil et suivi des enfants abandonnés, enseignement, ouvroir, infirmière à domicile. Depuis, la Communauté n’a cessé d’être étroitement liée aux actions sociales des municipalités qui se sont succédé pour venir en aide aux populations les plus démunies de Quimper.

Jusqu’à leur retraite les sœurs ont travaillé en lien étroit avec les services du CCAS (Centre communal d’action sociale).

Le temps était maintenant venu de se retirer pour laisser la place aux laïques formées aux missions de la solidarité. Geneviève Garros, adjointe au Maire de Quimper et responsable du CCAS, convaincue de l’importance de la présence de la communauté, insiste, avec l’accord de la congrégation pour que les sœurs continuent à habiter cette Maison de charité comme présence attentive et active aux plus démunis.

La maison de la communauté, mise gratuitement à la disposition des sœurs, faisait partie des bâtiments municipaux. La seule porte pour y entrer et en sortir donnait sur la cour où passent et séjournent ceux qui font appel à l’aide municipale. Pas besoin de chercher comment rencontrer les plus démunis, elles habitaient chez eux. Pendant des années, la mission de celles qui ont vécu dans cette communauté de la charité a été une simple présence quotidienne : des bonjours chaleureux, des sourires, une écoute des malheurs et des chagrins, « de simples gestes apparemment sans importance » (un bouton à remplacer, une fermeture éclair à poser…). Certains jours la présence des sœurs à la laverie municipale donnait lieu à des conversations, parfois des confidences et quelques conseils.

Cette longue histoire a été rappelée et célébrée par Madame le Maire et la Supérieure Générale, sœur Ann Almodovar. Toutes deux ont souligné l’étroite collaboration et un respect mutuel entre la municipalité et les sœurs. Monseigneur Donien a mis l’accent sur le don que font les religieuses de toute leur vie et le dévouement dont elles font preuve aujourd’hui encore dans le diocèse, malgré leur diminution. Ce fut un temps fort de rencontre et de reconnaissance mutuelle entre la Congrégation, la municipalité et l’Église.

En recevant la famille Fille du Saint-Esprit à la Mairie ce 1er septembre, la ville de Quimper a voulu reconnaître et assurer qu’elle conserverait l’histoire des 274 années d’activité des « Sœurs Blanches ». Par décision de la municipalité, le site de la rue Étienne Gourmelen restera dédié à l’action sociale.

 

Suivit le pot de l’amitié simple et fraternel et la remise des cadeaux à Madeleine Lelieur et Yvonne Morvan, les dernières Filles du Saint-Esprit présentes dans cette communauté si particulière.

Puis la Famille des FSE s’est retrouvée à la Communauté de Pluguffan pour un repas sorti du sac et un bon café. Nous avons partagé, nous avons échangé, nous avons chanté. La vie continue.

 

Quelques jours plus tard Madeleine et Yvonne ont eu la douloureuse charge de fermer la porte sur 274 ans de présence. Depuis la nouvelle de leur départ, les regrets et les mercis, parfois arrosés de larmes, pleuvaient dans la cour du CCAS. En quittant les lieux, tous leurs amis de « la cour des miracles » leur ont fait une haie d’honneur.

 

Cette histoire de la Communauté de la Charité fait partie de notre héritage. C’est pourquoi nous sommes toutes concernées et affectées par sa fermeture. Elle témoigne d’une présence et d’une adaptation constante aux changements en tous temps et en tous lieux. Au moment où nous recevons l’Orientation d’Année, que ce rude mais merveilleux passage nous encourage et nous aide à franchir ceux qui nous attendent.

 

Jeanne Signard, F.S.E – Quimper.

 

 

 

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