4ème DIMANCHE DE CARÊME, Luc 15, 11-32

Sieger Köder

Évangile du quatrième dimanche de carême, année C – Lc 15, 11-32

« Les pharisiens et les scribes, des juifs très pieux, fidèles à la loi, sont scandalisés de voir Jésus faire bon accueil aux pécheurs et manger avec eux. »

Pour leur faire comprendre ce qui l’anime, Jésus raconte une parabole, une histoire tirée comme d’habitude, de la vie quotidienne, et dans laquelle, les auditeurs d’alors et le lecteur d’aujourd’hui peuvent se reconnaitre. Il s’agit cette fois d’une histoire de relations familiales ; elle ne dit pas ce qu’il faut faire mais laisse une porte ouverte pour un choix libre entre deux logiques !

 

Une logique du calcul et du mérite

« Un homme avait deux fils ». Le cadet demande sa part d’héritage. Pour une raison inconnue, il s’en va et une fois ruiné, il cherche à survivre par n’importe quel moyen ; tombé dans la déchéance, c’est encore la volonté de survivre qui le fait se souvenir de la maison paternelle, et revenir vers son père. Il pense d’abord à assouvir sa faim et pour cela, calcule comment s’y prendre : confesser son péché à son père, reconnaitre qu’il ne mérite plus d’être son fils et demander le statut de salarié ; une relation qui n’est pas celle d’un père et de son enfant, mais d’un ouvrier rétribué par son maître.

Le fils aîné ? Travailleur, obéissant à la loi paternelle, il s’attendait à voir récompensées tant d’années de labeur, sans quitter la maison ; il en retient, non la joie de vivre avec son père mais le ressentiment d’un ouvrier rétribué injustement : celui qui a mené une vie de jouisseur pendant tout ce temps, est fêté à son retour, c’est un comble ! Cependant, c’est son père qui parle en dernier ; va-t-il l’entendre ?

 

Une autre logique

Un homme avait deux fils. Il les aimait : tout est dit là. « Saisi de compassion », submergé de tendresse en voyant revenir le cadet, ses gestes et son affection ne sont pas conditionnés par les paroles de son fils, ils les précèdent. Pas de calcul chez ce père, pas l’ombre d’un égoïsme non plus : il ne s’attribue rien, son fils était mort et il revit, perdu et il est retrouvé ; voilà ce qui compte, il faut donc faire la fête voilà sa logique de père.

Il sort chercher le fils aîné : il aimerait que son enfant entre dans une autre logique que celle de la rétribution et du calcul, comprendre ses choix, rejoindre son frère. Que va décider celui-ci ?

La porte reste ouverte pour la décision personnelle.

L’histoire en cache une autre, celle d’un Dieu père, qui veut rassembler tous ses enfants. Il nous invite à ouvrir notre cœur et rejoindre nos frères et sœurs, quels qu’ils soient, les mal croyants, les bienpensants, les gens très bien et les autres. Serons-nous de la fête ?

Soeur Marie-Thérèse GUEHO, F.S.E, Rennes

Ps.: Image de Sieger Köder

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