3ème dimanche de carême Luc 13,1-9
Les faits sont troublants et il y a urgence
Devant l’affaire des Galiléens et la chute de la tour, les gens sont troublés et en plein désarroi. Ils se tournent vers Jésus qui prend le temps de répondre. Il répond d’une façon un peu déconcertante. Il répond à côté ; sa réponse vient déplacer le questionnement des gens, et le nôtre par la même occasion.
Il y a urgence !
« Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez de même. » L’avertissement très clair est valable pour tout le monde et indépendant de tout fait divers que nous trouvons, aujourd’hui encore, dans nos journaux télévisés. Jésus nous prévient, nous risquons de nous sentir trop satisfaits de nous-mêmes et de nos manières d’agir. La conversion c’est la seule chose sur laquelle Jésus insiste. Nous sommes projetés dans le temps d’un choix radical : le salut-la vie, ETRE – EN – VIE ou l’esclavage-la mort, ETRE – SANS – VIE.
La parabole du figuier est forte. Traditionnellement, le figuier et la vigne sont des métaphores du peuple de Dieu qui doit produire des fruits. Le figuier, chacun de nous planté dans l’humanité au cœur du monde, est sommé de porter du fruit ; figuier d’une vigne : famille, entourage, milieu de travail, communauté, monde. Cette parabole réconforte : le jardinier a planté l’arbre, il l’arrose, en prend soin, l’émonde. Tout ce qu’il fait a pour but de produire un arbre solide qui donne des fruits. Y voyons-nous la main aimante de Dieu ?
Le Seigneur est patient, mais le temps est compté : il y a urgence à nous convertir !
A quoi nous convertir ? Ne serait-ce pas changer de mentalité, sortir de nos jugements, sortir des scléroses de nos sécurités, être avec le Christ dans un travail d’engendrement d’une humanité de paix, de fraternité ?
Patience et miséricorde :
Jésus nous parle de la patience et de la miséricorde de Dieu. Il est toujours prêt à nous donner plus de temps, à faire confiance à notre capacité de porter du fruit, même après des années stériles. Comment je reçois cette patience de Dieu ? Ai-je de la patience avec moi-même et avec les autres, comme Dieu en a avec moi ? Infinie patience de Dieu, qui entend le cri des hommes, qui interpelle, qui appelle à la conversion, qui ne se lasse jamais de nous, qui ne cesse jamais d’espérer en nous …
Le temps présent (kairos) nous convoque à l’urgence d’une vraie conversion. Ce passage de l’Evangile de Luc est d’une grande actualité. Nous pourrions facilement remplacer ces épisodes par les nouvelles que nous apportent les médias et qui nous émeuvent. Comment nous situons-nous devant les catastrophes ? Dieu en est-il responsable ? Si la planète se rebelle contre nos pollutions, contre notre désir du « toujours plus », Dieu en est-il responsable ? Ouvrons notre cœur à l’appel à la conversion lancé par Jésus. Réfléchissons alors sur ce que Dieu nous demande, de prière, de respect de la création, de solidarité dans ces temps d’épreuves où nous sommes. Les signes se multiplient, sachons les recevoir, les vivre et remercier Dieu de sa patience.
Annick BOURRET Laïque associée