Nous avons la chance de vivre au quotidien parmi des personnes d’origine étrangère
Elles sont dans notre immeuble, nous les rencontrons dans la rue, au marché local, dans les associations, et quelques-uns, Africains et Portugais, à l’Église…… La plupart sont venues pour reconstruire la ville après la guerre… femmes et enfants ont suivi. Et maintenant, les petits enfants, ignorant leur source originelle mais héritiers des valeurs de la culture d’origine, intègrent comme ils peuvent la culture occidentale.
Certes, nous sommes un peu dérangées par celles et ceux qui, en nombre croissant, se voilent le visage ou laissent pousser leur barbe pour se rendre plus conforme au Prophète (les musulmans salafistes) .. et qui nous interpellent jusque dans l’ascenseur contraint parfois à plusieurs montées et descentes avant que le dialogue ou la polémique trouve fin… Nous avons reçu Malika, recommençante en Islam, venue avec son Coran et vêtue de son nouvel atour très enveloppant, balbutier quelque chose de la doctrine qu’on lui enseigne. Nous apprenons, au fil du temps, à nous décentrer, à partir du point de vue de l’autre pour le comprendre… Mais nous ne pouvons pas rester indifférentes à leur assiduité à la prière à la Mosquée voisine ; cela va même jusqu’à l’admiration ! Ils font partie de l’humanité qui « a du prix aux yeux du Seigneur »
La conversation avec ces personnes d ‘origine étrangère est source d’enrichissement surtout à travers le compagnonnage en associations…. que ce soit à TAPAJ (journal du quartier), au Secours Catholique qui accueille sans distinction d’origine les personnes en difficulté, à l’ABAFFE (association brestoise d’alphabétisation et d’apprentissage du Français aux étrangers)
Ils viennent encore aujourd’hui pour des raisons diverses :
Aïcha a quitté son Sénégal, Françoise son Gabon natal, Fatoumata sa Mauritanie pour que leur enfant soit soigné de l’autisme ou d’une maladie génétique incurable là-bas… Phuangrat a quitté sa Thaïlande pour suivre son mari français… Dominique a quitté son Cameroun pour faire des études… Habib a quitté sa Gambie ; Sadik, Djibouti ; Latu son Erythrée… pour fuir un régime politique asservissant. Et ils continuent à arriver par vagues, de l’Europe de l’Est, pour goûter un peu de liberté !
Mais que leur offre-t-on ?
On s’indigne à la vue des conditions inhospitalières réservées aux primo-arrivants et on bénit la générosité des personnes qui, au nom de leur foi ou par simple humanité, donnent temps, argent, vêtements… pour subvenir aux besoins urgents. Car de ces personnes étrangères, nous recevons beaucoup : Elles nous apprennent l’hospitalité, elles forcent notre admiration pour leur courage, leur soumission au réel, un réel qu’elles ont imaginé tout autre : terre d’accueil où il fait bon vivre !
Nous leur donnons avec joie les quelques rudiments nécessaires pour apprendre notre langue, se présenter dans les bureaux, remplir des papiers… Nous recevons d’innombrables et chaleureux « merci »..
Et quand la fête interculturelle de l’association leur donne l’occasion (il faut les pousser !) de s’exprimer, de chanter en leur langue leurs complaintes ou leurs chants
d’amour,,. de jouer d’un instrument ou de danser, quelle allégresse ! Comme ils paraissent « grands » ceux qui se font « petits » en venant à notre école ! Et comme est riche la culture de celui qui vient d’ailleurs !